Que connaissons-nous vraiment de l’Europe ?
Julie BAUD, Elisa RIBON, Clémence VAYSSIERE
Etudiantes en Master 2 Droit Bancaire et Financier (année 2018-2019)
Institut de Droit et d’Economie des Affaires – Université Jean Moulin Lyon 3
« Pourquoi l’Europe est-elle si économiquement nécessaire
et si profondément ennuyeuse ? » – Valérie Accary
A la question qui nous a été posée de savoir «que pensez-vous de l’Europe»?, nous avons été tentées de répondre que les seuls souvenirs qu’elle nous inspire sont les cours d’institutions européennes de licence où nous décrochions au bout d’une heure faute d’intérêt et faute de compréhension. Continuation des cours de collège et de lycée qui n’étaient déjà pas passionnants….
Mais la véritable question à se poser n’est pas de savoir que pensons-nous de l’Europe, mais que connaissons-nous de l’Europe ? Pour se forger un avis à propos de l’Europe, pouvoir la penser ou encore l’aimer, encore faudrait-il pouvoir la connaître…
Qui d’entre nous est capable de citer la capitale de l’Estonie ? Qui peut nous dire quelles sont les coutumes de la Hongrie ? Et les spécialités culinaires danoises ? Qui pourrait placer sur une carte les pays de la zone Euro et on ne vous demande même pas les pays de l’Union européenne !
Nous résumons rapidement l’Europe à nos pays frontaliers, et nous oublions totalement nos voisins moins proches…
Nous nous concentrons sur la composition et le fonctionnement de ses institutions qui nous paraissent lointaines, nous la subissons sous cet aspect alors que nous pourrions la vivre en tant que communauté dont nous faisons partie, citoyenneté européenne oblige.
Nous avons réfléchi à ce qui nous a manqué dans l’enseignement français de l’Europe. On a commencé à nous en parler lorsque nous avons chacune, intégré une classe européenne : allemand, anglais, italien, c’était au collège et au lycée.
Ces classes européennes nous ont permis de nous rendre chez nos voisins européens, d’intégrer leurs établissements scolaires, partager leur rythme, et activités et ainsi en apprendre plus sur leur culture. Mais ce n’est pas le parcours que tout le monde emprunte. Par conséquent, certains n’entendront parler de l’Europe qu’à partir du lycée au programme d’histoire-géographie à travers sa construction : un enchaînement de dates clefs, qu’ils auront oubliées bien vite.
C’est ainsi que débute le désamour des étudiants pour l’Europe. Désamour qui se perpétuera dans les études supérieures (pour ceux qui auront la « chance » d’entendre parler d’Europe plus tard) avec des matières peu concrètes, contribuant à rendre l’Europe lointaine, à l’image de ce qui est véhiculé au quotidien par les médias.
Triste constat mais quelles sont les solutions ?
La Consultation citoyenne sur l’Europe a eu, en ce qui nous concerne, un effet révélateur : beaucoup partagent notre avis, et cela devient un véritable problème à l’heure où plusieurs Etats optent pour un repli sur soi, et où certains rejettent les autres.
Voici notre plaidoyer pour l’Europe, pour que les prochaines générations y vivent en harmonie, et que l’histoire d’un désamour se transforme en, pourquoi pas, une historie d’amour.
Afin que l’Europe fasse partie de notre vie, en donner le goût à tous est essentiel !
Pour les plus jeunes par le biais d’activités ludiques de type puzzle de l’Europe, coloriages des vêtements traditionnels des européens…
Pour tous, il faudrait l’apprendre comme on apprend la France, par le biais d’une éducation de tous les instants et pas au travers d’un cours spécifique.
Pourquoi ne pas organiser des journées découvertes ? Développer les écoles européennes, comme nos voisins le font déjà ? Encourager les partenariats entre pays européens dans l’enseignement autour de projets qui nous concernent tous comme l’écologie, ou encore les parrainages ? Remettre au gout du jour les correspondances entre étudiants européens ? Dans l’enseignement supérieur, pourquoi ne pas mettre en place des modules-débat pour favoriser les échanges autour de l’Europe, plutôt que de subir un cours théorique dans un amphi ?
Il ne faut pas oublier nos aînés, qui se sont vus imposer une Europe qu’ils ne concevaient pas, qu’ils ne connaissaient pas et qu’ils ne comprenaient pas, ou encore nos compatriotes qui devraient avoir l’opportunité d’entendre parler d’Europe pour mieux la comprendre, même s’ils ne poursuivent pas d’études supérieures. Eux aussi peuvent être sensibilisés, histoire que la pensée européenne ne soit pas l’idée d’une génération, d’une catégorie sociale ou professionnelle mais celle de tous !
L’Europe fait tellement pour nous, rendons le lui !